mardi 22 mars 2016

Un garçon si gentil de Magali Wiéner



« Dans un flash de quelques secondes, je la revois, gaie, amicale, franche. M'entoure. Me charme par ses courbes, petites collines de chair sous son T-shirt noir. Me provoque quand elle les plaque contre mon torse. Je dois parler au flic de ma fièvre qu'elle avait bien attisée. Remettre les faits en place. Le convaincre qu'il ne s'est rien passé d'exceptionnel. Ne pas le laisser penser que je suis coupable. »


Éditions Milan - 20 août 2014 
248 pages
Drame
Auteur : Magali Wiéner



Ma note : 19/20



Un garçon si gentil

La soirée s'annonce bien pour Rodrigues : fête de la musique, bière et rock'n'roll... Et puis ce concert avec Aurélie, qui semble ne chanter que pour lui. Des regards qui s'échangent, l'alcool qui aide, des envies plein les yeux... Une nuit qui tient ses promesses. Rodrigues est heureux. Jusqu'au lendemain matin, où le cauchemar commence...



Mon avis

Ce roman m'attendait patiemment depuis un an dans ma bibliothèque. Au départ, mon achat avait été provoqué grâce à une critique de Audrey - le souffle des mots sur you tube. A travers sa vidéo, elle m'avait réellement donné envie de le lire. Je me l'étais donc acheté et puis, il a ensuite pris la poussière dans ma bibliothèque. Mais, cette semaine, je l'ai enfin sorti pour le lire. 


Pour commencer et comme à mon habitude, je vais vous parler du style de l'auteure. Cette dernière a un style propre à elle. Des phrases très courtes et percutantes qui nous aident à avaler le livre rapidement. Celle-ci, avec une phrase comportant seulement trois petits mots, a le génie de nous faire passer de nombreuses émotions. Un style d'écriture comme j'en ai peu lu jusqu'ici mais, qui ne m'a pas du tout déplu.


Au niveau de l'histoire, c'est quelque chose de très dramatique qui se produit dans ce roman. Rodrigues va à la fête de la musique, adolescent heureux, libre et insouciant. Il va entendre Aurélie, chanteuse dans un groupe de rock. Il la connaît depuis quelques semaines et est déjà très amoureux d'elle. Cette dernière, par contre, reste plus en retrait. Mais durant cette soirée, elle va accepter une balade avec le jeune homme. Ils vont rire, s'amuser. Puis ils vont passer à l'acte. Mais, le lendemain, rien ne va se passer comme prévu pour l'adolescent. La police débarque chez lui et l'accuse de viol sur mineure. Le roman ne va rien épargner aux lecteurs, arrestation, interrogatoire, garde à vue, prison et jugement.

En lisant ce livre, on se pose une multitude de questions. 
Rodrigues a-t-il vraiment été trop loin ? 
Aurélie l'a-t-elle aidé à lui faire penser qu'elle était d'accord ? 
Qui a tort ? Qui a raison ? Personne. 
C'est là où le roman m'a perturbé. Nous sommes face à un évènement vécu différemment par deux personnes. Tout au long de ce livre, je n'ai pas pu choisir un camp. Je n'ai pas réussi à en vouloir à Rodrigues qui est totalement perdu face à cela. Il m'a d'ailleurs fait mal au cœur. Les manières de la police un peu douteuse et la prison vont continuer à enfoncer le clou pour le jeune homme.


Alors oui, Aurélie est détruite par ce qu'elle a vécu mais, le jeune homme aussi. Trop de non-dit, trop d'alcool, trop d'insouciance vont les mener l'a où aucun d'entre eux ne le souhaitaient. Mais pourtant, au moment du jugement, je me suis demandé comment j'aurais jugé toute cette histoire en ne me basant que ce qui est dit dans le tribunal et sans savoir les difficultés que Rodrigues aura rencontrées jusque-là et c'est là, que je me suis aperçu que parfois la justice n'est pas si facile à rendre. 

Dans cette histoire, personne n'est blanc ou noir. Ils ont chacun une part de responsabilité. C'est une histoire tragique, perturbante mais, qui laisse à réfléchir. C'est un roman que je recommanderai pour l'ouverture d'esprit qu'il nous demande, pour cette façon qu'il a de nous faire voir plus loin encore que les premiers faits. 


« - Nilaja, c'était ma soeur. Elle aurait pu être ton Aurélie. Alors, c'est toi que j'aurais tué. »